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ATHLETICUS sur France Inter

Regardez une otarie jouer au ping-pong contre un hippopotame, ou un flamant rose sauter à ski. Pourquoi? Parce que c’est aussi joli que drôle ! A voir sur Arte, une série d’animation en images 3D, impressionnante de réalisme, fondée sur les mouvements réels des animaux sauvages.

Voici du sport qui fait rugir, meugler ou barrir de plaisir. Vous vous souvenez peut-être du court métrage que j’ai conseillé ici il y a quelques semaines, « 5 mètres 80 » : les girafes dans la piscine. Eh bien le réalisateur de ce petit film, Nicolas Deveaux, a aussi signé une série d’animation, qui est tout aussi réjouissante. Elle s’appelle « Athleticus ».Deux saisons sont disponibles gratuitement sur le site d’Arte, chaque épisode dure deux minutes environ. Et ça se déguste comme un calendrier de l’avent : autrement dit, tout d’un coup ! 

Vous y verrez une otarie jouer au ping-pong avec un hippopotame, des flamants roses patineurs artistiques, ou encore des éléphants basketteurs. Le tout en image de synthèse : aucun animal n’a été maltraité pendant le tournage. Des images 3D qui sont bluffantes de réalisme. On jurerait qu’une vraie autruche est vraiment en train de galérer au tir à l’arc et que ce kangourou joue pour de vrai au hockey sur glace. Aucun dialogue. Mais un scénario tout de même, une petite intrigue dans chaque épisode. Attendez, voici que s’élance un éléphant pour le saut en hauteur.

Le pachyderme n’a pas pris la peine de sauter, ni de s’arrêter, il a tout défoncé sur son passage. Quant à la girafe, elle a couru, sagement, pour prendre de l’élan, avant de réaliser qu’il lui suffisait d’enjamber la barre horizontale : fastoche ! Il n’y a guère que l’autruche pour sauter en rouleau dorsal, aussi appelé le « fosbury flop ». Bon, je fais la maligne, mais c’est l’un des intérêts de cette série : un regard technique et décalé sur le sport. Le geste sportif, ici, est en majesté !

Ce qui formidable, dans « Athléticus », au-delà de l’humour absurde et de la poésie, c’est la dimension naturaliste. Nicolas Deveaux a étudié de près l’anatomie de chaque animal, son attitude, ses mouvements. Et il applique ces connaissances à la pratique sportive. 

Fables sportives

Comme chez la Fontaine, l’hippopotame, c’est vous, l’autruche, c’est moi, les tortues, c’est nous ! Les animaux sont des allégories humaines, des métaphores de nos différences et de nos capacités, nous pauvres humains. Chacun est bien obligé de composer avec ce qu’il est, avec ce qu’il a. Mais les bestioles font tout pour échapper aux cases auxquelles elles sont réduites. L’hippopotame, par exemple, s’essaie au trampoline et la tortue au lancer de disque. Il n’y a aucune assignation des espèces !

Je vous recommande aussi le beau livre qui a été tiré de cette série : « Athleticus » (Granovsky et Arte Éditions). Ce sont des arrêts sur images et des croquis préparatoires, accompagnés de texte signés Joy Raffin. Chaque texte est une variation malicieuse autour d’un épisode. Par exemple, à côté de l’image d’un hippopotame la gueule pleine de balles de tennis, on lit ceci : 

S’il l’avait pu, John McEnroe aurait lui aussi mis les balles dans sa bouche, qu’il avait toujours grande ouverte, de façon à troubler ou rouler ses adversaires. Mais McEnroe n’est pas un hippopotame et ses colères étaient bien plus mémorables que celles du mammifère pourtant réputé pour son agressivité et son mauvais caractère. 

Et de détailler ensuite les coups de sang du tennisman américain sur les courts. 

Ce livre, comme la série, célèbre le sport de la meilleure des manières : en racontant des histoires. C’est drôle, intelligent et complètement perché. Vous aurez compris, je crois, que la girafe est ma préférée. 

« Athleticus », de Nicolas Deveaux : les deux saisons sont à voir gratuitement sur le site d’Arte, arte.tv. 

S’il l’avait pu, John McEnroe aurait lui aussi mis les balles dans sa bouche, qu’il avait toujours grande ouverte, de façon à troubler ou rouler ses adversaires. Mais McEnroe n’est pas un hippopotame et ses colères étaient bien plus mémorables que celles du mammifère pourtant réputé pour son agressivité et son mauvais caractère. 

Et de détailler ensuite les coups de sang du tennisman américain sur les courts. 

Ce livre, comme la série, célèbre le sport de la meilleure des manières : en racontant des histoires. C’est drôle, intelligent et complètement perché. Vous aurez compris, je crois, que la girafe est ma préférée. 

« Athleticus », de Nicolas Deveaux : les deux saisons sont à voir gratuitement sur le site d’Arte, arte.tv.